Vendredi Thérèze
Y’a des tuiles qui pourraient vous arriver n’importe quel jour. Des trucs à la con. Mais quand ça vous arrive un vendredi 13, bin forcément on se dit que c’est la date qui veut ça.
Le matin a commencé comme un jour normal, j’me suis levée, lavée, habillée, tout au radar, comme d’hab, de toutes façons c’est pareil tous les matins, je réalise que je suis debout quand je sirote mon café au taf (un beau jour où je serai en vacances et si je dois prendre un avion je sens bien le coup de me lever, normal, et de débarquer au bureau l’air de rien… tête en l’air comme je suis, ça me pend au nez).
Bon bref, journée de boulot normal, avec des collègues et des chefs, on va pas parler de choses qui fâchent.
Début d’après midi c’est la quille ! Et je me retrouve à 50 bornes de chez moi dans un autre pays pour du shopping !
Bon, pour la précision, j’habite pas dans le trou de la dix-septième lettre du monde, genre dans un pays où y’a même pas de magasins mais j’avais un rendez-vous médical dans le coin. Wi près de chez moi y’a aussi des docteurs, mais bon heu celui que je vais voir c’est heu un bon médecin et heeeu wé bon zut je suis partie faire du shopping disais-je.
Rapide état des lieux avant de se lancer : pognon check ! Carte bleue check ! Etat du compte en banque check ! La situation est pas critique (encore que c’est relatif comme idée, ma mère hurlerait de panique en voyant mes derniers extraits… mais ma mère je la proute) (wé je suis une vilaine fille indigne). Objectif number ouane : trouver un cadal pour une amie, objectif subsidiare number thou : me faire plaisir pour ce printemps cet été (au train où vont les choses j’vous conseille vivement de réserver les parkas d’hiver pour ce mois d’août il semblerait que les saisons soient quelque peu décallées…).
Trouver des fringues pour moi c’est un peu mission impossible. Chuis ronde, donc les magasins, genre P*mkie, J*nnyfer et autres Z*ra, même pas en rêve j’y fous un orteil. Donc bref, pour que je passe la porte d’un magasin avec une fringue, elle doit réussir avec brio trois épreuves :
- Etre à ma taille, déjà c’est mal barré, quand les 3 quarts des boutiques considère un 44 comme une grande taille, on fait quoi quand avec une de leur jupe, on la met juste à une cuisse ?
- Me plaire, ah bah vi paske quand j’ai la chance de trouver un truc dans lequel je passe tout en continuant de respirer (genre le méga coup de bol) faut encore que mon déjeuner reste dans mon estomac quand je me regarde dans le mirroir. Les toiles de tente genre camouflage c’est niet. J’ai des rondeurs c’est clair, et même sous un boubou d’un km2 ont les voit, donc zut, d’abord j’me fais plaisir. Les grosses fleurs roses sur fond jaune et les pantalons de pyjama genre à rayures… c’est niet aussi !
- M’épargner les joies de la revente d’un rein ou d’un œil sur ibé… où ne pas avoir à envisager la prostitution pour réussir à m’offrir un futale juste sympa (attention hein ? juste sympa, pas la merveille des merveilles), wé paske les boutiques pour rondes, c’est chouette, mais t’es tentée de faire remarquer que les prix sont passés à l’euro depuis belle lurette, et qu’il serait temps qu’ils se mettent à la page. 75 euros pour un bête futale, bwof… chuis ronde, pas complètement conne non plus.
Donc là dans un magasin, je trouve des trucs sympa (b) à ma taille (a) et soldés (c). Trop le bonheur… Vite à la caisse avant que ces hauts trop la classe ne se transforment en chemisers mordorés. Je sors la carte bleue magique, et mes doigts tapent le code, ils connaissent la route. Tactactactac valider ! Connexion avec la banque, une formalité… Refusé.
Gné ?
Bon c’est pas grave, ça arrive, on recommence… Refusé.
Je bafouille un merdalors, ça m’arrive jamais, c’est pas possible et la vendeuse me fait un sourire rassurant et commercial c’est pas grave, ça peut arriver à tout le monde, vous voulez retenter ?
Je respire tape le code caaaaaaaaaalmement, eeeeeeeeeet refusé.
Là y’a 7 nanas derrière moi à la caisse, elles te font des sourires mais toi limite tu psychotte et tu les entends penser présomptueuse va… file faire tes comptes au lieu de nous plomber notre journée.
Je m’excuse, leur dit que c’est super bizarre, mais que je vais voir dans les distributeurs si ça marche. Je reviens.
Dans le centre commercial y’a deux distributeurs, un de chaque côté. Je cours au premier (le plus proche) j’essaie : niet, je fonce au deuxième : niet aussi. Pis le deuxième il est sympa il me conseille de contacter ma banque. En fait le message à l’orgine ça devait être Veuillez contacter votre banque, qui vous apprendra à gérer un budget, paske vous devez être à -1250 euros sur votre compte, dont 1200 euros d’agios. Elle vous proposera un crédit revolving à 16% pour rembourser vos dettes et faire pleins d’achats super utiles genre un écran plasma pour vos toilettes.
Je reviens au magasin et je dis que non, je peux pas. Personne veut rien savoir, et chuis limite une clocharde.
J’abandonne là mon shopping et je rentre chez moi. Pendant la route, je refais mes comptes, vive le calcul mental… J’arrive chez moi, je saute sur le courier de la banque encore fermé, rien d’alarmant, et là j’ai l’idée lumineuse !!! Genre mon neurone qui se réveille enfin, j’appelle la société de gestion des cartes bleues de ma banque. Et la nana au bout du fil qui me répond hyper zen ah oui mais en fait c’est le réseau eurovisa qui était down cet après-midi c’est réparé depuis une demi-heure
Bah tiens. Elle est gentille… mais dans 6 mois, je suis carrément à l’autre bout de la planète, seule, en voiture, dans les déserts, et s’ils me refont un coup comme ça, le premier truc que je leur fait en revenant, c’est un braquage.
Si je finis pas mourant de soif et à moitié bouffée par les coyotes !
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